Serious game, escape game, game for change, cooperativ’ game… c’est à s’y perdre ! Et si on faisait un peu le ménage dans tout ça, pour être certain de parler de la même chose et arriver à tirer le meilleur de tous ces concepts ?
Loin d’être exclusifs, on pourra voir à quel point ils sont poreux et combien on a tout à gagner à arriver à les définir et à les combiner !
C’est du sérieux
Le jeu vidéo, peut être encore plus que le cinéma ou la littérature, a toujours eu beaucoup de difficulté à savoir classifier ses productions. A quel moment le jeu d’aventure devient-il un jeu d’action ou un jeu de rôle ? Ajouter une énigme à un jeu narratif en fait-il un jeu de réflexion ? Il y a pourtant un type de qualification bien plus solide que le genre ou l’ambiance : quels impacts voulez-vous avoir sur le joueur ?
Et c’est là que la notion de serious game entre en jeu. Car si on s’en tient à sa définition, c’est une application informatique qui combine une intention sérieuse de type pédagogique, (informatif, communicationnel, idéologique ou autre) avec un environnement d’apprentissage prenant la forme d’un jeu vidéo, afin de transmettre un savoir pratique ou de sensibiliser à un enjeu social. L’intention crée donc le genre.
Le point commun entre une enquête avec une équipe de détectives déjantés et la simulation d’une séance chez un orthoptiste pour enfant ?
Ce sont tous les deux des serious game : dans le premier on utilisera la narration d’un visual novel (fiction interactive) pour pouvoir discuter et recréer un environnement de travail stressant pour aider à mettre en avant les signes d’un burnout, et sur le second une simulation permet de répéter et d’apprendre les gestes médicaux pour mieux les ancrer chez les apprenants.
Alors quand on veut sensibiliser par le jeu, quel gameplay (style de jeu) choisir ?
La réponse est simple, celui qui sert le mieux le sujet et la cible visée.
Quel game pour vos objectifs ?
Le travail de conception chez DOWINO commence ainsi par la définition de ce gameplay, selon les objectifs et la cible :
Essaie-t-on de distraire et faire s’évader le joueur tout en glissant subtilement des notions sérieuses ? C’est peut-être qu’il nous faut de l’arcade ou du mini game.
Plutôt essayer de transmettre par le dialogue et l’émotion ? Le visual novel ou point n’ click paraît tout désigné.
On veut apprendre des gestes et notions professionnels, ainsi que leur importance ? Ce sera le travail de la simulation ou du quiz.
Serious game ou escape game
Mais il semble y avoir un grand absent, celui qui est sur toutes les lèvres mais dont on oublie souvent la définition. Vous savez, celui que l’on confond souvent avec le serious game: L’escape game !
Déjà, la première grande différence, c’est que l’escape game n’a traditionnellement pas grand chose de numérique.
L’ escape game est un jeu d’énigmes qui se vit en équipe dans lequel les joueurs évoluent dans un lieu clos et thématisé. Ils doivent résoudre une série de casse-têtes dans un temps imparti pour réussir à s’échapper ou à accomplir une mission.
En résumé, c’est un peu comme Fort Boyard, sans les épreuves physiques et dans une salle décorée spécifiquement.
Mais alors, rien à voir me direz-vous. Une simple étourderie de vocabulaire et oublions ça…
Et bien pas si simple, car ce genre de production a certaines caractéristiques extrêmement intéressantes, qui ne résident pas uniquement dans le fait de s’échapper.
Car si on déconstruit vraiment l’escape game, ce qui en fait l’essence et l’intérêt, ce n’est pas de sortir d’une pièce joliment décorée. Non, sa vraie force se résume en trois mots : exploration, coopération, réflexion.
Et ça, ce sont des notions où le serious game, voir même le jeu vidéo en général, excelle.
Les énigmes de Myst et les casse-tête de Monkey Island sont peut être ce qui se rapproche le plus de la simulation d’un escape game virtuel.
À chaque visée, sa réponse. À chaque cible son ton. À chaque objectif son gameplay.
La vraie question qu’il y a alors à se poser serait lesquelles de ces facettes sont importantes pour votre projet. Et là, les combinaisons sont infinies et excitantes.
- Coopération et amusement : Gartic Phone pour les adultes, It take two pour les enfants
- Enigme et narration : Wolf among us pour les joueurs occasionnels,Disco Eliseum pour les joueurs chevronnés
- Arcade et réfléxion : Tetris pour se distraire, Classroom rescue pour une visée de sensibilisation
Savoir ce que l’on attend d’un jeu est compliqué et flou, le vocabulaire est technique et nébuleux. Demain encore un nouveau terme émergera, de nouvelles confusions, de nouveaux malentendus…
Mais il y a toujours la possibilité de le définir ensemble : que souhaitez-vous transmettre, à qui, et que voulez-vous qu’il retienne ?
Avec ces trois simples questions vous vous assurez, non pas une étiquette, mais la certitude de viser juste, de pouvoir transmettre votre message mais aussi la meilleure lucidité. Parce qu’après tout, dans toutes ses expressions valises, le point commun, c’est bien le “game”.